Jean-Luc Seigle
Éditions Flammarion
19 euros
Reine survit comme
elle peut au chômage et à l'abandon de son mari, seule avec ses
trois enfants dans un modeste pavillon de banlieue. L'horizon, si
bouché, la pousse dans ses rêveries, chaque jour plus coupée d'une
réalité sans avenir. Mais Reine trouve enfin son salut dans une
mobylette bleue, échappée à la ferraille qui pollue son jardin.
Grâce à l’engin, elle trouve du travail. Et un homme qu’elle
aime sur l’aire de repos de l’autoroute.
Reine a le culte des
morts, du cimetière, des listes de mots et des bouts de tissu. C’est
une artiste. Trop fragile dans un monde féroce où la réalité ne
pourra que la rattraper…
Jean-Luc Seigle
réactive ici un genre qu’ont magnifié Hugo et Zola, le roman
populaire ; il insuffle du beau, du sentiment, du romanesque
dans ce qui pourrait n’être qu’un tragique fait divers. En deux
cents pages découpées comme des tableaux d’art brut, la réalité
se mêle de fantastique, de mystique dans un style sobre et pourtant
poétique.
À la fin du roman,
Jean-Luc Seigle nous offre un étonnant
journal de voyage "A la recherche du sixième
continent" qui apporte une autre dimension à ce roman en
lui conférant une part
autobiographique. Dans ce journal d'un séjour à New-York,
Jean-Luc Seigle évoque sa visite à Ellis Island. "Le pays
né de l'immigration ferme ses portes aux immigrés. L'Amérique est
devenue un pays aussi replié sur lui-même que les autres".
Cette situation des migrants rejoint celle des pauvres comme
Reine, des laissés pour compte du monde moderne.
Fanny, lectrice experte
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire